Les scooters n’ont jamais été mon dada. Lorsque j’étais aux études post-secondaires, quelques scootéristes (nous les appelions “vesperados” à l’époque) faisaient partie des amateurs de la moto de mon école. Ils portaient des bérêts, fumaient des Gauloises et des Gitanes, fréqentaient les cafés du coin, et assistaient même à des lectures de poésie. C’était franchement pas un truc pour moi.
Mais depuis ce temps, les scooters ont pris de l’avant. Et pas seulement des scooters à moteur à deux temps avec suspensions minables munis de minuscules roues meurtrières. Et ne parlons pas de la prolifération de machines chinoises qui ont une accélération peu inspirante.
En Amérique du Nord, ce sont les maxi scooters qui ont réussi à donner nouvelle vie à la catégorie. Ce sont de machines viriles, avec de puissants moteurs qui sont en mesure de se tailler une place parmi les vagues de véhicules surpuissants de nos routes d’aujourd’hui, et en grand confort avec leurs amples carénages et leurs rangements intérieur.
Le sportif scooter TMAX de Yamaha existe depuis 2001 et demeure extrêmement populaire en Europe et surtout en Italie, là où ses qualités sportives et polyvalentes sont prisées. Dans sa première génération, le TMAX est resté tel quel pendant une décennie, sans changements majeurs.
Les nouveautés
En 2012, le TMAX a été entièrement redessiné et son moteur est passé à 530 cm3. Le TMAX reçoit une plus grande attention à son comportement de conduite et à son profil ajouré.
Le bicylindre en ligne à quatre temps DACT à huit soupapes utilise un système d’activation directe des soupapes à cales sous baquet tout comme celui d’une moto sport. Les pistons ont été allégés, les cames sont d’une nouvelle conception, et la cullasse reçoit une meilleure circulation d’air grâce à de plus larges soupapes d’admission. Le système d’injection a aussi été amélioré. Un des vices de la configuration bicylindre en ligne est sa vibration. Afin de contrer les vibrations néfastes, cette nouvelle génération de TMAX comprend un troisième piston esclave entraîné par une bielle centrale.
Le TMAX a aussi suivi un régime, larguant quatre kilos et lui assurant un nouveau poids de 197 kg (434 lbs), soit 40 kg de moins que le maxi scooter C600 de BMW introduit l’an dernier.
La cadre moulé sous pression a été allégé et l’ancienne transmission finale par chaîne a été remplacée par une courroie qui est à la fois plus légère et qui demandera moins d’entretien. Un nouveau bras oscillant en fonte d’aluminium réduit le poids non suspendu à l’arrière de 35 pour cent et confère au TMAX une meilleure agilité.
La nouvelle configuration du tableau de bord est bien pensé. Heureusement, le vieux compte-tours LCD est maintenant une chose du passé et deux cadrans analogues s’occupent maintenant des fonctions de compte-tours et compteur de vitesse. Un écran LCD centrale affiche une jauge d’essence, l’heure, la température du moteur (et la température ambiante), deux odomètres, et plus encore.
Le nouveau carénage profite d’un meilleur aérodynamisme avec une ligne plus angulaire mais la forme générale reste fidèle à l’ancien modèle. Deux phares de type projecteur assure l’éclairage, avec un feu arrière à DEL.
Comportement routier
Le TMAX se conduit presque de lui-même. Tirer un des deux leviers de frein, enfoncer le bouton du démarreur, désactivez le frein à main, tourner la poignée des gaz et c’est parti! L’ancien moteur était un peu mou lorsqu’il tournait au ralenti, mais ce n’est plus le cas avec ce moteur, et il semblerait que le TVC embraye beaucoup plus rapidement et reste fluide.
Le nouveau moteur développe 46 chevaux avec 39 livres-pied de couple, soit seulement cinq de moins que la FZ6R de Yamaha et presque deux de plus que le populaire cruiser 650 V Star du même constructeur. Mon pif me confirme le tout car j’ai compté seulement six secondes pour atteidre les 100 km/h.
En sollicitant la poignée des gaz à un quart de la puissance max, le TMAX vous donnera du “oomph” à revendre et vous n’aurez aucune difficulté à maintenir le rythme avec les véhicules communs à quatre roues. À cinquante pour cent de la puissance max, votre entourage deviendront rapidement des petits points noirs dans vos rétroviseurs. À puissance max, attention! car c’est tout un autre genre d’attention que vous allez attirer car le TMAX est rapide! J’ai entendu dire que le TMAX est capable d’atteindre les 140 km/h en empruntant une bretelle d’accès de l’autoroute 401 avec une bonne réserve de vitesse encore inutilisée. Mais ça, je ne pourrais vous le confirmer. Du moins, pas ici en tout cas.
La fourche de 43 mm offre un débattement de 120 mm, tandis que l’amortisseur arrière en offre 116 mm. Remarquez qu’il s’agit de débattements plutôt longs pour un scooter, et c’est grâce à cette caractéristique que ce maxi scooter est capable d’offrir un amortissage mieux contrôllé. Dans les bosses et sur l’asphalte qui a été soulevée par le gel, le TMAX ne perd jamais son sang-froid.
Les roues de 15 pouces ont été allégées et sont chaussées de pneus de série 120 à l’avant et 160 à l’arrière qui lui donnent un comportement qui s’apparante à celui d’une moto. Et je ne parle pas du comportement d’un cruiser ou d’une moto standard mais plutôt à celui d’une moto sport. Bien sûr, avec son empattement plus long qu’une moto sport, le TMAX devra davantage être incliné dans les virages. Une légère dose du frein avant facilite une meilleure entrée dans les virages serrés, et le TMAX ne démontre aucune tendance à tanguer comme l’on s’imaginerait à bord d’un scooter de cette taille.
Le centre de gravité bas et l’empattement long (1580 mm) confèrent au TMAX une stabilité irréprochable car le scooter ne dérive jamais en conduite.
L’utilisation de la béquille centrale est d’une facilité enfantine, et c’est grâce à la bonne répartition du poids.
Même les freins sont inspirés d’une moto sport, avec deux disques à l’avant de 267 mm et des étriers monobloques qui ressemblent à ceux de la R6. Mais à ma grande surprise, il n’y a pas d’ABS! Avec une monture de ce calibre, c’est bien dommage. Toutefois, une bonne dose du frein avant donnera des distances de freinage assurément courtes, avec très peu de tangage vers l’avant. Cependant, prenez garde de vous souvenir que le levier gauche n’est pas celui du débrayage mais celui du frein arrière.
La position pour les pilotes mesurants six pieds et plus est un peu serrée mais les pieds peuvent soit être placés sur les repose-pieds inclinés ou alors à plat. Un dosseret intégré offre un point d’appui mais dans mon cas, son emplacement ne m’offrait pas d’avantage. Lors des virages serrés à gauche, le support du frein à main creuse douloureusement dans la rotule gauche, à moins de sortir le genou.
Le coffre illuminé sous la selle est assez large pour y placer un casque intégrale mais pas deux comme la majorité des maxi scooters. Yamaha fourni un cadenas à câble mais je n’ai pas trouvé de prise éléctrique pour accessoires. Deux petits compartiments de rangement ont été aménagés dans la partie supérieure du carénage et sont pratique pour y placer porte-feuille, téléphone, verres fumés et etc. La protection contre le vent et la pluie est excellente, comme j’ai pu le constater lorsqu’un orage inattendu s’est manifesté lors de ma sortie. Malgré mon manque de manteau ou de pantalon imperméable, j’ai réussi à rester plus ou moins sec, du moins lorsque j’étais en mouvement.
Le pare-brise est ajustable à plusieurs hauteurs et nécessite une clé hexagonale pour ce faire. Les deux leviers de freins peuvent être ajustés à cinq différentes positions pour un meilleur confort.
L’essence hors prix de l’Europe a assuré la justification de ce genre de véhicule. Et ce n’est pas uniquement pour se rendre au boulot ou à l’école. Les Européens se servent aussi de leurs scooters pour la randonée et le tourisme.
Lors de mon essai, j’ai observé une consommation moyenne de 4.8 à 5.0 litres/100 km, suggérant un potentiel de 300 km d’autonomie avec le réservoir de 15 litres.
Conclusions
Pour certains, 10,000 $ représente une trop importante somme pour un scooter mais le TMAX est plus qu’un scooter. Il offre les performances et comportements d’une moto de moyenne cylindrée de tourisme, mais avec la facilité d’utilisation, la capacité de cargo, la protection contre les intempéries, et l’économie de consommation de carburant d’un scooter.
Le jour où je ne serai plus capable d’enfourcher une moto, je pencherais facilement vers ce TMAX avant de choisir une de ces monstruosités à trois roues, avec l’exception du MP3 de Piaggio. Si je ne peux pas l’incliner dans un virage, à quoi bon? Mieux vaut acheter une décapotable.
Le seul concurrent réel du TMAX en Amérique du Nord est le C600 de BMW. La BMW est un peu plus chère à 10,900 $ mais à ce prix la BMW est livrée avec l’ABS et une garantie de trois ans, avec assistance routière.
Galerie de photos
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SPÉCIFICATIONS
Modèle | 2012 Yamaha TMAX |
Prix | 10,499 $ |
Cylindrée | 530 cm3 |
Architecture moteur | Bicylindre en ligne à quatre temps, DACT, 8 soupapes, refroidi par eau |
Puissance nominale | 46 chevaux |
Couple max | 39 livres-pied |
Capacité réservoir | 15 litres |
Gestion moteur | Corps papillon Mikuni 34 mm à injection éléctronique |
Transmission secondaire | Courroie |
Pneu avant | 120/70-R15 |
Pneu arrière | 160/60-R15 |
Frein avant | Double disque de 267mm avec étriers monobloques à quatre pistons |
Frein arrière | Monodisque de 282 mm avec étrier à piston simple |
Hauteur selle | 800 mm (31.5 pouces) |
Empattement | 1,580 mm (62.2 pouces) |
Poids à vide en ordre de marche | 218 kg (481 lbs) |
Couleurs | Gris foncé mat, métallique |
Garantie | 1 an |